Lorsque l’on achète des semences fourragères, beaucoup ignorent l’immense travail qui a été réalisé pour en arriver là !
La qualité de la semence commence chez le sélectionneur
L’histoire de la semence démarre chez le sélectionneur qui collectionne des dizaines de milliers de plantes, qui les cultive en plante individuelle. Pendant au moins trois ans, il les observe, note leur comportement, leur morphologie.
Les graminées et légumineuses fourragères sont des plantes allogames. Le pollen est amené par le vent en ce qui concerne les graminées (fécondation anémophile) et par des insectes pollinisateurs en ce qui concerne les légumineuses (fécondation entomophile). Chacune de ces plantes est un individu différent des autres. Le pollen est léger et peut provenir de très loin, et toutes les plantes existant à l’état sauvage.
La biologie des espèces pose les règles de la sélection, puis de la production des semences.
Au bout de ces trois années, une dizaine de ces plantes va être regroupée dans un isolement afin qu’elles se fécondent entre elles, sans que des pollens extérieurs ne viennent perturber. Cet isolement, qui est un ilot au milieu d’une végétation haute comme du seigle, rassemble des plantes qui se ressemblent beaucoup. Elles sont regroupées entre autres, par précocité afin que les fécondations soient possibles.
Les semences issues de ces isolements sont ensuite semées en micro-parcelles afin d’être jugées non plus en plante individuelle mais en groupe de plantes qui se ressemblent. Les micro-parcelles qui présentent les meilleurs résultats de rendement, résistances, morphologie, pourront être présentées au CTPS qui décidera ou non de leur inscription au Catalogue Officiel Français des variétés.
Un travail inscrit dans la durée
12 à 15 années de travail, de patience et de passion, sont nécessaires pour aboutir à une semence commercialisable.
La qualité de la semence synonyme de pureté
La qualité de la semence commence par la conformité du lot de semences par rapport à la description de la variété telle qu’elle a été décrite lors de son inscription.
Tout au long des générations de multiplication, des règles ont été établies afin de réduire considérablement le risque de « pollution » par des pollens extérieurs à la parcelle, amenés par le vent ou des insectes. Ces règles consistent essentiellement à l’isolement des parcelles de multiplication et à des contrôles des parcelles en végétation.
C’est ce qui s’appelle la pureté variétale.
Lors de la culture et de la récolte de ce qui sera la semence, il est inévitable que des corps étrangers (cailloux, débris végétaux ou autres) ne se retrouvent dans la trémie de la moissonneuse. Il peut aussi y avoir des graines d’adventices. Un premier contrôle de la parcelle de multiplication a été réalisé en même temps que le contrôle de la pureté variétale. Selon les espèces multipliées et les adventices, il peut y avoir des seuils de tolérance. Tout ceci est décrit dans le Règlement technique de production et de commercialisation des semences et plants. Ce travail est très rigoureux et réalisé par la DQCO (Direction de la qualité et du contrôle officiel).
C’est ce qu’on appelle la pureté spécifique.
L’agriculteur-multiplicateur
La qualité de la semence s’affine à l’usine
Le lot de semence subit plusieurs étapes de triage.
Tout d’abord le trieur séparateur, qui sépare tout ce qui est plus petit et tout ce qui est plus gros que la semence. A ce niveau, il y a un système d’aspirateur afin d’évacuer les déchets légers. Puis, le lot va être trié par sa densité : ôter ce qui est plus lourd et ce qui est plus léger. Dans certains cas, on peut avoir recours au trieur optique, qui expulse tout ce qui est d’une couleur différente de la semence.
Une des dernières étapes est le trieur à rices. Le principe consiste à deux cylindres habillés de velours, qui tournent en sens inverse, et qui accrochent certaines graines indésirables.
Le triage rigoureux en usine est la garantie du respect de la norme 0 cuscute
Il y a actuellement une recrudescence d’une plante parasite de la luzerne : la cuscute.
La graine de la cuscute a la même taille, la même densité que la semence de luzerne. Elle possède cependant de petites cavités dans le tégument (enveloppe de la graine). Le problème du triage a été résolu en mélangeant le lot de semence à de la limaille de fer. Celle-ci vient se loger dans les cavités. En passant ensuite le lot dans le trieur magnétique, toutes les graines de cuscute sont aimantées et enlevées.
La qualité de la semence vérifiée au laboratoire
Sur des échantillons représentatifs, un contrôle visuel de la pureté spécifique est réalisé. Puis un échantillon du lot de semence est mis en chambre de germination dans des conditions précises de durée, de température, d’humidité, de luminosité afin de chiffrer la faculté germinative.
La faculté germinative doit être d’au moins 80% pour la plupart des espèces, sinon la semence ne peut être commercialisée.
La semence certifiée est la garantie d’un haut niveau de qualité, premier facteur de réussite de la production agricole, qui permet l’expression du potentiel pédoclimatique et récompense le travail de l’agriculteur.