La précocité est un critère commun à l’ensemble des espèces. Il est essentiel de bien définir le terme, puis de savoir choisir la précocité de sa variété en fonction de sa situation.
La précocité d’une plante concerne sa rapidité à épier : une variété précoce épie tôt. A l’inverse, une variété tardive épie tard.
Attention de ne pas confondre le terme précocité avec l’aptitude de la plante à démarrer tôt au printemps, ou encore, l’aptitude de la plante à s’implanter rapidement lors du semis.
Mais l’amplitude de précocité au sein d’une espèce peut varier beaucoup. Chez le ray-grass anglais, il y a 36 jours entre la plus précoce et la plus tardive, 14 jours pour la fétuque élevée, 15 jours pour le dactyle, 13 jours pour la fléole, 10 jours pour le ray-grass d’Italie et 15 jours pour le ray-grass hybride.
Dès que le stade début épiaison est atteint, les valeurs alimentaires chutent et l’encombrement du fourrage augmente.
Une même vache peut passer de 18 kg de matière sèche consommée à 0,95 UFl à 16 kg consommés à 0,85 UFl, soit 3,5 UFl consommés en moins !
Ceci est uniquement le fait du stade physiologique de l’herbe.
Le troupeau a avantage à avoir une prairie qui démarre tôt au printemps et qui soit tardive à l’épiaison. La durée qui s’écoule entre ces deux stades s’appelle la souplesse d’exploitation. Plus la souplesse est longue, plus l’éleveur peut conserver longtemps un fourrage de qualité sur pied.
La date d’épiaison est liée à la plante elle-même (sa précocité), mais aussi à des facteurs extérieurs : la longueur du jour et sa luminosité, et dans une moindre mesure la température. Ces conditions varient donc en fonction de la situation géographique et du climat de l’année. Il est toujours intéressant d’avoir des références locales. Même si le facteur climat est de plus en plus fluctuant, le photopériodisme reste identique pour un même lieu.
Date d'épiaison et variétés
Chaque variété affiche une date « officielle » d’épiaison. Cette date est valable pour le centre-ouest de la France. Si on remonte vers le Nord, l’Est ou en altitude, il faudra ajouter 5 à 12 jours. Si on descend vers le Sud, il faudra avancer de 5 à 10 jours. C’est là que l’on voit l’importance de disposer de références locales.
Les dates théoriques diffusées pour les variétés sont cependant intéressantes car elles permettent de comparer les variétés entre elles. On peut aussi comparer des lieux entre eux pour une même variété.
On pourrait alors penser qu’il n’y a que des avantages à avoir des variétés tardives afin de maîtriser le premier tour de pâturage et l’étêtage. Pouvoir faire consommer les tiges avant l’épiaison pour qu’ensuite il n’y ait que des repousses feuillues, de meilleures valeurs alimentaires et d’appétence.
Cas des zones froides
Il faut néanmoins savoir qu’en zone froide, liée à l’altitude, l’exposition, la proximité d’une forêt, une texture lourde, une hydromorphie, une couleur du sol (terre blanche crayeuse ou terre noire), les variétés tardives sont pénalisées au démarrage en végétation.
Un système herbager en zone froide devra alors disposer d’une flore plutôt précoce afin de disposer d’herbe tôt, et sur d’autres parcelles, des variétés tardives qui vont rentrer dans le cycle de pâturage par la suite.
Il n’est pas recommandé de mélanger des espèces ou des variétés de précocités différentes car l’animal choisira et délaissera vite les plantes épiées.
Des détails qui font la différence
Dans la conception de mélanges, les dates d’épiaison doivent coïncider. Il faut savoir enfin que les variétés précoces ont davantage tendance à remonter, c’est-à-dire à épier une seconde fois. C’est ce qu’on appelle la remontaison. Leur morphologie est un peu différente et résistent mieux au piétinement.
Le résultat technico-économique et environnemental est lié à ces petits détails, à la bonne connaissance de la génétique fourragère qui ont en réalité des impacts importants.
A gauche, une variété de ray-grass anglais tardive, encore feuillue. A droite, une variété de ray-grass anglais précoce, déjà épiée.
Dans quelle parcelle va brouter la vache si elle a le choix ?